Le Rav 'Haïm de Brisk disait : "Les gens sont curieux : naguère, ils signaient leurs textes par la formule le petit mais on ne les croyait pas et on les considérait, au contraire, comme de grands savants. Aujourd'hui, tout le monde signe le rabbin, mais on ne les croit pas davantage. On sait que ce ne sont que des petits."

mercredi 18 juin 2008

Sefer haMitsvot hakatsar - 'Hafetz 'Haïm




Mitsva n°1 : Croire que D. existe


Comme il est dit : "Anokhi Hachem Elokékha..."["Je suis Hachem ton D."] (Chemot 20,2).

Lui, loué soit son nom, a donné l'existence à tout ce qui existe, ainsi qu'à tous les mondes, par son pouvoir et par sa volonté et c'est Lui qui surveille toute le Création.
C'est là le fondement de la foi : quiconque n'en est pas convaincu renie l'essentiel (Un et Unique D.) et n'a aucune part et aucun droit au sein du peuple juif. Nous avons l'obligation d'accepter de faire don de notre vie et de notre fortune pour cette croyance. Mais ce qu'il faut surtout, c'est se persuader fermement soi-même que telle est la vérité et que rien ne peut lui être substitué.

Cette mitsva est en vigueur en tout temps et à chaque instant, aussi bien pour les hommes que pour les femmes.


'Hafets 'Hayim, Le Livre des Commandements, les commandements que l'on doit observer aujourd'hui, Feldheim Publishers, 1994

lundi 16 juin 2008

Euro 2008 : Ne nous trompons pas de "but"!


Un élève parmi les plus assidus commença à s’absenter du cours du soir, un jour, puis deux, puis trois !

Rav Chalom s’inquiéta et se rendit à son domicile :

« Bonjour mon ami ! Tu étais absent ces derniers jours. On s’est inquiété pour toi ! Es tu malade ? As-tu un autre problème ?

- Non, Rav. Je me porte bien, grâce à D… J’aime étudier la Guemara, j’y trouve un grand plaisir, mais cette semaine, je ne pourrai pas venir, mais la semaine prochaine sans faute, je reprends les cours !

- Pourquoi ? Quelqu’un est il malade dans ta famille ?

- Non, pas du tout ! Cette semaine, quelque chose m’empêche de venir mais comme je vous l’ai dit, la semaine prochaine, je reviens !

- Excuse-moi d’insister mais je te demande par simple curiosité quelle peut bien être cette « chose » qui te retient précisément à l’heure de l’étude ?

- Rabbi, c’est trop difficile à dire. Je me gêne…

Le Rav continue d’insister et l’élève commence à raconter :

- La vérité, c’est que, cette semaine, se joue la finale de la coupe de football. Chaque jour, à l’heure du cours, un match important se dispute et j’avoue que je suis un fan de ce sport.

Rav Chalom resta silencieux, puis demanda au jeune homme, d’un ton plein d’affection :

- Mon cher ami, maintenant je comprends… Mais ce que j’aimerais, c’est que tu m’expliques le secret de ce sport. Qu’est ce qui le rend si passionnant ? Je voudrais tellement savoir comment se déroule une partie de football …

Le Rav et l’élève s’assirent cote à cote et la conversation devint tout a fait détendue. Avec un plaisir particulier, le jeune adolescent se mit à décrire les différentes phases du jeu.

En souriant, il dit :

- Si le Rav le souhaite, je vais tout lui raconter. Deux équipes se partagent le terrain, à chaque extrémité est placé un but. L’objectif du match est que chaque équipe fasse pénétrer le ballon dans le but de l’adversaire. Le joueur qui y parvient fait remporter la victoire à son équipe. C’est la minute de gloire, son plus grand bonheur !

Le jeune « supporter » est très ému. Jamais il n’aurait imaginé qu’un jour, il serait assis à coté de Rav Schwadron à lui parler de football !

Ce dernier, faisant mine de ne rien y comprendre, lui demanda avec une naïveté feinte :

- Mais quel est le problème ? Viens avec moi et je te montrerai comment, à chaque coup de pied, je réussis à marquer un but 20 fois de suite.

Le garçon sourit :

- J’ai oublié d’expliquer au Rav l’essentiel : devant le but, est posté un gardien dont le rôle est d’arrêter le ballon. L’enjeu de la partie, c’est d’arriver à le déjouer.

- Et comment fait-on pour vaincre cet obstacle ? interroge Rav Chalom.

- C’est là toute la difficulté ! et c’est bien pour cela que le joueur qui y parvient atteint le summum du bonheur, c’est sa plus grande satisfaction.

- Alors pas de problème ! réplique Rav Chalom, on n’a qu’à venir la nuit quand le gardien n’est pas là et marquer des buts sans aucune difficulté !

L’élève hausse la voix :

- Si le gardien de but est absent, rien n’est plus facile que de faire rentrer le ballon dans le but. Alors quel intérêt représente le jeu ? Cela ne prouve rien du tout sur les capacités du joueur. Ce n’est pas très malin de marquer un but dans ces conditions ! C’est quand le joueur doit surmonter un obstacle qu’il a l’occasion de montrer son habileté et sa force. En réalité, ce n’est pas seulement le gardien qui rend le but difficile. Sur le terrain, se déploient les membres de l’équipe opposée, qui eux aussi essayent de se mettre en travers de son chemin.

Rav Chalom se leva, regarda le garçon et lui dit à voix haute :

- Que tes oreilles entendent ce que ta bouche dit ! Participer au cours de la semaine prochaine, est-ce que cela exige de toi des forces particulières ? Non, tu as dit que tu aimais étudier et que la semaine prochaine rien ne t’en empêchera. Dans ses conditions, étudier ne prouve pas grand-chose. Le succès, c’est quand un ‘gardien’ est debout devant la porte du Beth Hamidrach pour t’en barrer l’accès. Si à ce moment-là, tu réussis à marquer le but malgré les obstacles, tu connais une minute de bonheur, le summum de la satisfaction personnelle !

- Oui, murmura l’élève, c’est vrai : le mérite se mesure à la difficulté mais moi…

Rav Chalom l’interrompit et lui dit en souriant :

- Ne transgresse pas les règles du jeu. Marque le but au moment où cela a un sens et où cela te donnera le maximum se satisfaction. Il faut vaincre et marquer le but au moment où c’est difficile, car ‘c’est là tout l’homme’. »

Sur ces mots, Rav Chalom serra cordialement la main de son élève et se sépara de lui.
Le lendemain, l’élève vint au cours. A sa vue, Rav Chalom se leva en signe d’estime.


Y. Ariel, La Voix percutante, une biographie de Chalom Mordekhaï Schwadron, Emounah, 2006